Discussion \ Anna Eyler et Nicolas Lapointe + Sofian Audry /

Montréal, le 2 novembre 2021 – Retrouvez les artistes Anna Eyler et Nicolas Lapointe jeudi 4 novembre à 14h30, en direct du rustines_lab, pour une discussion en compagnie de l’artiste Sofian Audry.

Dans le cadre de leur résidence de recherche-création à perte de signal, les deux artistes discuteront de leur nouveau projet « /lick ». Retrouvez plus d’informations ainsi que le lien de diffusion sur l’événement Facebook.

Alors que la pandémie mondiale pousse davantage nos vies personnelles et professionnelles dans l’espace numérique, le duo d’artistes AENL a souhaité explorer notre relation avec la nature technologique. Pour ce projet, ils s’intéressent à la manière dont nous pouvons interagir de façon plus empathique avec la nature virtuelle et les sujets numériques. Ils sont motivés par un questionnement sur la façon dont nos engagements avec la nature virtuelle renforcent les notions capitalistes de la nature comme ressource; ou la manière dont la nature technologique peut nous aider à interroger et redéfinir notre relation avec le monde naturel vécu; ou comment la nature technologique peut servir à déstabiliser les divisions strictes entre le naturel et l’artificiel.

AENL souhaite reconsidérer notre engagement sensoriel avec l’espace virtuel, pour voir comment – et même si – nous pouvons développer des connexions plus profondes avec nos semblables numériques.

 

Si le cyberespace a captivé l’imagination populaire tout au long de la fin du XXe siècle, les développements de l’informatique combinés à la montée de plusieurs contre-cultures au début des années 1990 ont marqué l’apothéose de la rhétorique psychédélique entourant le virtuel. À cette époque, le gourou et mystique autoproclamé Terence McKenna a été invité à présenter sa vision utopique du cyberespace. Dans son discours, il prévoyait une révolution provoquée par la réalité virtuelle qui finirait par démanteler les systèmes sociaux, politiques et économiques dominants. Cependant, malgré les affirmations de cyber-enthousiastes comme McKenna, notre environnement en ligne n’est pas devenu une techno-utopie démocratique, mais plutôt un site matériel et immatériel complexe dominé par le capitalisme de marché mondial. Nos mondes virtuels et nos appareils numériques semblent d’abord satisfaire nos besoins et nos désirs, mais en fin de compte, leurs fins algorithmiques ne sont pas les nôtres. Mais même si le web n’a pas tenu ses promesses, peut-être y a-t-il encore une place pour une rédemption virtuelle ? S’inspirant du texte phare de Donna Haraway, “A Cyborg Manifesto,” cette œuvre explore la manière dont nous négocions notre incarnation numérique, suggérant une multiplicité d’identités intégrées dans l’espace virtuel. Dans le même temps, ce projet évoque la quête permanente de l’humanité d’une puissance supérieure, en remettant en question la manière dont la technologie a été – et continue d’être – impliquée dans cette quête.

 

 

Le projet /lick est une installation vidéo interactive qui rappelle et subvertit les visions utopiques du net. Combinant des séquences d’action en direct avec des graphiques générés par ordinateur, cette œuvre vidéo joue avec nos attentes de l’espace virtuel, utilisant le contraste entre la platitude et la plénitude pour suggérer des couches d’expérience numériquement incarnée. Fonctionnant comme une membrane perméable entre l’espace physique et l’espace virtuel, chaque participant est invité à s’asseoir devant un ordinateur du milieu des années 1990 se faisant passer pour un autel et à initier une expérience cinématographique par une simple pression sur une touche. Une vidéo est diffusée sur l’écran de l’ordinateur qui reflète l’espace physique de l’installation. Passant d’un environnement de bureau dépouillé, le protagoniste du film est transporté dans un environnement de grotte naturelle par une série de commandes informatiques non linéaires et d’incantations. Après avoir été transporté, le protagoniste traverse un environnement caverneux sombre peuplé d’êtres numériques à peine visibles, qui s’ouvre sur une grande chambre peuplée de corps numériques gonflés et dansants, dont certains s’effondrent ou se dégonflent dans l’extase ou la misère. La cadence du son augmente, tout comme le rythme des danseurs, dont les mouvements convulsifs vont du comique à l’inquiétant.  Entrecoupées de vues de la grotte bacchanale, on aperçoit des formes charnelles cyborgiennes dans un réseau de cuves dont les mouvements fonctionnent en tandem avec ceux des danseurs, suggérant une relation symbiotique entre les deux. La scène de danse culmine avec l’union : les corps gonflés forment une masse unique qui flotte vers le plafond, tandis que les corps charnus cyborgiens se gonflent d’air et finissent par exploser d’énergie.

 

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Travaillant en sculpture et en nouveaux médias, AENL (alias Anna Eyler et Nicolas Lapointe) entretiennent une pratique artistique essentiellement collaborative. Le duo a participé à des résidences avec Espace Projet (Montréal, 2015), Verticale (Laval, 2018) et le Bòlit : Centre d’Art Contemporani (Catalogne, 2019). Leur projet void loop () a été présenté à la Galerie d’art de l’hôtel de ville (Ottawa, 2018) et of the mountain and the ravine à la White Water Gallery (North Bay, 2020). Ils ont également participé au festival Place Publique à la Fonderie Darling (Montréal, 2020), au Festival d’art numérique d’Athènes (Athènes, 2020), Sight & Sound à Eastern Bloc (2021) et MUTEK Montréal (2021). http://www.aenl.net/. www.aenl.net

Artiste et scientifique, Sofian Audry enseigne les médias interactifs à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et co-dirige le réseau international Hexagram pour la recherche-création en arts, cultures et technologies. Son travail s’inspire de l’intelligence artificielle, de la vie artificielle, de la biologie et des sciences cognitives. Ses œuvres computationnelle se déploient à travers de multiples média tels la robotique, les installations interactives, les environnements immersifs, les interventions dans l’espace public, l’art web et la littérature électronique. sofianaudry.com

 

perte de signal est un centre montréalais d’accès aux réseaux des arts numériques. Il impulse la recherche, la création et le rayonnement des artistes indépendants, en arts numériques ainsi que les démarches artistiques liées à la technologie. perte-de-signal.org